NOUS MENTIRAIT-ON II

NOUS MENTIRAIT-ON II

UTERUS ARTIFICIEL

ARTICLE DE 2009

 

LES HUMAINS NAITRONT-ILS TOUJOURS DU VENTRE D'UNE FEMME?

"Plusieurs experts croient que non», répond Sylvie Martin.

 

L'étudiante termine actuellement une maitrise sur l'utérus artificiel au Département de sociologie. D'ici 10 à 100 ans, prédit le biologiste français Henri Atlan dans son dernier livre L'utérus artificiel (Paris, Seuil, 2005), les techniques de reproduction artificielle, combinées avec la néonatologie, seront suffisamment perfectionnées pour permettre in vitro la conception et la croissance d'un embryon jusqu'à la naissance du fœtus.

 

«Cette possibilité scientifique représenterait une rupture anthropologique colossale. Pour la première fois de l'histoire de l'humanité, nous verrions le jour sans passer par le corps d'une femme. Nous serions le produit d'une machine», commente Mme Martin.

 

S'il faut à tout prix rejeter cette possibilité, selon l'étudiante qui a consacré les deux dernières années de ses études à ce sujet (elle compte déposer son mémoire avant Noël), d'autres pensent que l'utérus artificiel serait un atout de plus pour les cliniques de fertilité, toujours à la recherche de solutions novatrices pour les couples infertiles.

 

Certaines techniques permettraient de sauver des bébés lorsque surviennent des complications en fin de grossesse. Une expérience a été menée au Japon par le professeur Uyoshinori Kuwabara en 1996 avec des fœtus de chèvres. Dans un petit incubateur, on a créé un milieu très semblable à l'utérus de l'animal, avec placenta, liquide amniotique, système d'alimentation et de vidange rappelant le cordon ombilical. Pendant trois semaines, des fœtus se sont développés dans ce milieu complètement artificiel.

 

Hung-Ching Liu, une chercheuse de l'Université Cornell, à New York, affirme haut et fort que l'objectif de ses travaux est de créer le premier utérus artificiel humain. À partir de l'endomètre, elle a obtenu un tissu comparable à la paroi utérine qu'elle a déposé dans un liquide amniotique synthétique. L'embryon s'y est fixé sans encombre et a crû normalement. Mais les règles éthiques aux États-Unis limitent actuellement les manipulations sur l'embryon humain à une période de six jours. La chercheuse à dû suspendre l'expérience.

 

Le premier argument pour justifier l'idée de l'utérus artificiel est médical. En fin de grossesse, les effets de certaines complications pourraient être limités par un incubateur capable de réunir des conditions optimales, ce qui serait bénéfique autant pour la mère que pour l'enfant à naitre.

 

D'autre part, l'utérus artificiel éviterait le recours aux mères porteuses, dont le statut juridique et éthique demeure controversé. De plus, un courant de pensée féministe voit en cette percée technoscientifique un pas de plus vers la libération de la femme. On cesserait de réduire la femme à ses fonctions reproductrices, permettant un rapport avec les hommes plus égalitaire.

 

La sociologue ne partage pas ce point de vue. «Depuis les années 50, la médecine de reproduction tend à contourner la nature. Je me demande, dans ma recherche, d'où vient cette volonté de se débarrasser du corps de la femme. Comme si c'était une machine imparfaite.»

 

Quand les hommes se sont mis à assister aux accouchements, c'était pour pratiquer des césariennes, une technique éprouvée en médecine vétérinaire. On voulait, d'abord, sauver les bébés condamnés par la mort de la mère.

 

La sociologue pense que des éléments à considérer comme les liens affectifs liant la mère à l'enfant durant la grossesse et au moment de la naissance échapperont toujours aux inconditionnels de la ligne technoscientifique.

 

Peu de recherches longitudinales, sinon aucune, à sa connaissance, ont porté sur la personnalité des quelque trois millions de personnes nées de la fécondation in vitro depuis la naissance de Louise Brown, en 1978. Et l'on a vu récemment le cas troublant d'enfants conçus dans des cliniques de fertilité réalisant qu'ils avaient une soixantaine de frères et sœurs en vertu de l'utilisation multiple du sperme d'un donneur particulièrement fertile...

 

La sociologue fait observer que des cliniques de fertilité offrent aux parents de préciser certaines caractéristiques du futur enfant, du sexe à la couleur des yeux. Les considérations éthiques semblent avoir bien peu de prise sur les possibilités scientifiques. Mais Sylvie Martin pense faire œuvre utile en réfléchissant sur le sens de ces phénomènes. Comme le souligne sa directrice de recherche, Céline Lafontaine, la question de l'utérus ne se pose pas en termes de «croyance». «Il s'agit d'un projet scientifique concerté qui doit être remis en question dans ses fondements», estime-t-elle.

 

Mathieu-Robert Sauvé

http://www.nouvelles.umontreal.ca/recherche/capsule-science/les-tres-humains-naitront-ils-toujours-du-ventre-dune-femme.html

 

article de 2009

 

U.A, l'Utérus Artificiel (H. Atlan)

 

Pour le biologiste Henri Atlan, la dynamique contemporaine, en matière de reproduction, est caractérisée par la déconnexion progressive entre sexualité et natalité. Et il annonce une nouvelle étape dans ce processus : après la pilule, l’insémination, la fécondation in vitro, voici l’ectogenèse, c'est-à-dire l’utérus artificiel. Il en tire la conclusion que le « Meilleur des Mondes » d’Huxley est tout simplement sur le point de devenir technologiquement possible. Et comme toutes les évolutions actuelles pointent vers le règne d’un totalitarisme mondial doux, ou se présentant comme tel, comme toutes ces évolutions renforcent constamment le règne du désir individualiste, il en déduit que l’anti-utopie d’Huxley est réellement à notre porte.

 

Atlan est biologiste. C’est donc surtout l’aspect technique de son propos que nous retiendrons, c’est là que sa compétence est précieuse.

 

Il estime que l’UA (Utérus artificiel) sera disponible dans un délai de 50 à 100 ans. D’après lui, c’est techniquement faisable, pratiquement sans aucun doute. Les difficultés sont grandes, mais la faisabilité est d’ores et déjà acquise. Un UA, au fond, ne serait que la reproduction des mécanismes biochimiques et des membranes de l’utérus. Une telle reproduction existe déjà, dans un domaine infiniment plus simple : le rein artificiel. A l’heure actuelle, on sait déjà reproduire les cinq premiers jours (développement de l’œuf en laboratoire après fécondation in vitro), et les semaines 24 à 35 (super-couveuses). Désormais, les expériences se multiplient pour combler ce « gap » de quelques semaines, qui nous sépare encore de l’UA.

 

Au Japon, le professeur Yoshinori Kuwabara de l’université de Tokyo a fait se développer des fœtus de chèvre, en milieu artificiel, sur trois semaines. Certains embryons, sortis de ce milieu, ont survécu quelques jours. Aux Etats-Unis, Helen Hung Ching Liu, de l’université de Cornell, a commencé à reproduire la même expérience sur des embryons humains. Pour des raisons éthiques, le processus a été interrompu au bout du sixième jour, mais on a la confirmation expérimentale de la faisabilité sur des embryons humains. En octobre 2002, une conférence internationale tenue à l’université de l’Oklahoma s’intitulait : « La fin de la maternité naturelle ? La matrice artificielle et les bébés du design ». Les travaux actuels se concentrent sur l’application la plus immédiate (envisageable à court terme) : l’avancement de la super-couveuse à moins de 24 semaines, grâce à la constitution de milieux autorisant la respiration des fœtus très grands prématurés en milieu liquide.

 

Les implications sociologiques de ces mutations technologiques seront immenses. En premier lieu, le débat sur l’avortement risque de connaître un rebond largement imprévu par ses initiateurs : une mère ne désirant pas garder son enfant (au motif que « son corps lui appartient ») pourrait se voir proposer de transférer le fœtus, âgé de seulement quelques semaines, vers un UA assurant par exemple la viabilité à partir de la quinzième semaine. Ainsi, l’exigence féministe « mon corps m’appartient » pourrait être satisfaite sans remettre en cause l’exigence éthique : la vie du fœtus n’appartient pas à la mère.

 

Au-delà de ce premier impact, possible technologiquement à court terme, des développements technologiques ultérieurs pourraient rendre possible la satisfaction de « désirs d’enfant » radicalement non naturels. Plus profondément, la caractéristique principale de l’espèce humaine, son aptitude à fabriquer des artefacts, pourrait connaître un véritable saut qualitatif : l’espèce humaine elle-même devenant, dans sa base biologique, un artefact d’elle-même. C’est donc la définition même de l’humanité qui est en jeu.

 

Atlan s’attarde ensuite longuement sur la collision technologique qui risque de se produire entre les techniques de clonage et l’UA. Sans entrer dans les détails de son exposé technique, il nous dit, en substance, qu’à partir du moment où il deviendra possible de cultiver des embryons dans un UA, alors qu’on sera par ailleurs en mesure de fabriquer des embryons sans fécondation, on atteindra potentiellement le stade où les êtres humains ne seront plus du tout engendrés, mais bel et bien fabriqués. D’autant plus que, dans un passage qui laisse le profane pantois, le professeur Atlan nous explique qu’on pourra à l’avenir probablement fabriquer des êtres humains sans même recourir à des ovules humains (des ovules de lapine, paraît-il feraient l’affaire, sous réserve qu’on ait le « bon » code génétique à injecter dedans). Atlan en arrive au point où il peut dire (avec un sourire en coin difficilement déchiffrable) que le débat sur le « statut de l’embryon » sera rendu caduc, puisque la vie n’aura plus besoin d’embryon pour se développer.

 

Et encore, je vous passe son exposé sur les possibilités ouvertes par le développement de chimères en combinant les codes génétiques de plusieurs espèces, après tout vous êtes peut-être sur le point de passer à table…

 

La fin du bouquin d’Henri Atlan est consacrée au dépassement des limites bioéthiques actuelles, dans lesquelles il voit les conséquences des mises en garde de Jürgen Habermas (pour qui la réduction de l’humain biologique à la marchandise constitue un « crime contre l’espèce humaine). Il enfourche ici très clairement le cheval de « l’homme de progrès » contre le « passéisme » des « conservateurs » qui n’ont pas saisi la dimension dynamique de l’identité humaine (refrain connu). Sa thèse est en substance la suivante : l’hominisation résulte avant tout d’un processus relationnel. Le fait qu’un individu n’ait pas été engendré de manière naturelle, voire qu’il ait été fabriqué, ne remet donc pas en cause son humanité, sous réserve qu’il soit, une fois né, inscrit dans un processus relationnel qui l’hominise.

 

Cela dit, Atlan n’est pas fou. Il se rend bien compte que les possibilités ouvertes par l’évolution technologique sont potentiellement criminelles. C’est pourquoi il plaide pour un accueil organisé de ces techniques, afin de les inscrire dans une « utopie fraternelle », soigneusement encadrée, qui permettrait, selon lui, de tirer parti de la biotechnologie appliquée au socle humain, sans pour autant déshumaniser ce socle. Il est à noter que la limite qu’il semble poser à l’usage de l’ectogenèse est que son usage devrait être restreint aux femmes qui le désireraient. Ce qui soulève une question importante, question qui semble lui rester in-énonçable : pourquoi le pouvoir féminin d’enfanter devrait-il être sacralisé, alors que tout le reste est désacralisé ? Il y a chez Atlan une étrange incapacité à admettre que si l’UA existe, alors la reproduction cesse d’être l’affaire des femmes.

 

Pourquoi cette incapacité ?

En fait, derrière l’argumentaire d’Atlan, on discerne ici le début d’une panique : celle d’un scientifique plutôt « progressiste » qui se rend compte que les évolutions technologiques latentes vont retourner tout le discours « progressiste » de ces derniers siècles contre ses finalités. Avec l’irruption de l’UA, en effet, la dislocation du patriarcat aura en effet ouvert la porte non à l’abolition de la filiation patrilinéaire, mais à sa généralisation y compris au lien mère/fils. Au « l’homme est une femme comme les autres » répondra désormais un « la femme est un père comme les autres » - nécessairement, puisque le lien charnel mère/fils étant rompu, il n’y aura plus de filiation que construite, intellectuelle, extracorporelle (Atlan évoque ici, avec un certain à propos, l’image de Zeus, Dieu-père enfantant seul Athéna).

 

La guerre des sexes, conclut Atlan, est sur le point de connaître un véritable coup de théâtre. A l’ancienne opposition patriarcat/matriarcat pourrait se subsister un champ de bataille multidimensionnel, opposant des conceptions diverses, et dont l’enjeu ne serait plus d’arbitrer entre les deux modes de filiation, mais de définir des modes combinés. Le reste de son discours est assez flou – visiblement, l’homme de science, à un certain moment, est dépassé par les implications philosophiques de son travail de biologiste.

 

 

 

En conclusion, que déduire de « U.A., l’utérus artificiel » ?

 

Pour ma part, je listerai cinq enseignements majeurs :

 

Il est indispensable que les peuples se dotent rapidement d’une véritable capacité de contrôle sur leurs dirigeants, car les potentialités ouvertes par les biotechnologies sont telles que des dirigeants mal avisés pourraient tout simplement reprogrammer les peuples – le rêve de Hitler, devenu réalité. Les échéances, en la matière, sont de l’ordre d’une génération. Si en 2040, les peuples n’ont pas effectivement repris le contrôle de leur destin, les possibilités de refaçonner la base biologique humaine seront telles que les classes dirigeantes pourront de facto refaire les peuples à leur guise. Ce serait littéralement la fin de l’humanité majoritaire, devenue artefact d’une élite issue d’elle, mais séparée d’elle. En effet, le concept de société duale ouvre, dans un tel contexte technologique, la porte à celui d’humanité duale. Mon opinion est que la probabilité de réalisation de ce scénario est très forte, à tel point qu’il semble aujourd’hui que l’enjeu essentiel d’une organisation collective soit de se positionner non pour le rendre impossible, mais pour le capter afin de protéger les peuples, par l’action d’une minorité élitiste, mais décidée à servir l’humanité. C’est ce que commande le réalisme, l’autre piste, à savoir l’élévation du niveau de conscience des masses jusqu’au point où elles pourront maîtriser la société technologique en voie de formation, relevant à mon humble avis de l’utopie échevelée.

Le débat sur l’avortement peut connaître, à court terme, un rebond considérable. Le développement des supercouveuses capables de recueillir un fœtus avant la date limite d’avortement est techniquement possible à court terme. Il y a là un terrain intéressant à explorer pour ceux qui veulent redresser la natalité sans remettre en cause le droit des femmes à disposer de leur corps – voire, avec un minimum de subtilité, un bon moyen de remettre en cause les incidences de l’ingénierie sociale contemporaine en termes de modèle anthropologique, pour les éclairer et faire réfléchir les populations.

Les courbes tracées actuellement par les démographes, et réputées très difficiles à inverser, peuvent être modifiées significativement à moyen terme, par un Etat décidé à le faire, au moyen d’une intervention volontariste. La préservation des groupes humains actuellement menacés de disparition est donc tout à fait possible, y compris sous une forme « purifiée » (avec toutes les dérives terrifiantes que cette notion recouvre potentiellement). Ici, on remarquera avec amusement qu’Atlan ne parvient jamais à remettre en cause le cadre de pensée individualiste, comme s’il constituait un horizon indépassable. Hum. Eh bien, ça, c’est son point de vue. Il n’est pas absurde d’imaginer qu’à l’horizon de quelques décennies, l’ampleur du chaos créé par le multiculturalisme sera telle, que d’autres points de vue pourraient émerger.

La guerre des sexes, concept contestable, pourrait soudain acquérir une réalité indiscutable. Une guerre n’est en effet réelle que si elle est gagnable par une des deux parties, et pensable par les deux parties. Ce n’a jamais été le cas jusqu’ici concernant la guerre des sexes, qu’on ferait mieux d’appeler la renégociation permanente. Mais ce sera peut-être le cas à moyen terme, chacune des deux parties pouvant penser son destin autrement que dans la coopération avec l’autre. La société duale haut/bas pourrait donc se combiner avec une biologie duale mâle/femelle, sur laquelle pourraient se plaquer des intermédiaires plus ou moins délirants. Ça promet.

Jusqu’ici, la barbarie, la violence, la cruauté, ont toujours rencontré, dans toute l’histoire de l’espèce humaine, une barrière infranchissable : le don fondamental opéré par la mère à l’enfant. Il existait là un sanctuaire absolu (sauf mère dénaturée) pour l’amour, l’altruisme, la bonté, la tendresse. A long terme, cet ultime sanctuaire va disparaître. Le monde où vivront nos arrière arrière-petits enfants sera, potentiellement, un pur jeu de forces brutales.

Vous avez aimé le XX° siècle ?

 

Vous allez adorer le troisième millénaire.

 

 

article de 2009:

Où en sont les scientifiques ?

Le scientifique John B. S. Haldane a inventé le mot ectogenèse en 1923, pour désigner une technique permettant le développement des embryons humains hors des corps des femmes.

 

Mais c’est seulement à partir des années 90 que l’on peut remarquer de véritables découvertes scientifiques et avancées technologiques. Seul Aldous Huxley imagina en 1932 la gestation possible en dehors du corps humain.

 

En effet, en 1996, une équipe japonaise a développé du matériel pouvant reproduire les conditions du développement intra-utérin et l’ont expérimenté sur des fœtus de chèvre. A la fin de la gestation, plusieurs chèvres sont restées en vie quelques jours mais aucune ne survécut. Ce fut la première expérience faite sur des animaux.

 

 

En 1997, alors que Thomas Shaffer a fait considérablement progresser les techniques de respiration par voie liquide, une équipe de l’université de Tokyo avec le docteur Hung-Ching Liu ont, lors de la conférence de l’European Society for Human Reproduction, présenté un utérus artificiel, fait de silicone et de cellules utérines. Celui-ci visait à assurer les premières phases du développement de l’embryon avant son implantation dans l’utérus. Une expérience concluante sur des embryons humains a même permit le développement de l’embryon sur les parois de l’utérus artificiel. La législation actuelle n’autorisant pas l’expérimentation sur l’embryon au delà de 6 jours, ceux-ci ont finalement été détruits.

 

Aux Etats-Unis, en 2002, Helen Liu a cultivé in vitro des cellules utérines prélevées sur une patiente sur un support artificiel biodégradable. Elles ont ainsi recréé une paroi utérine capable d’accueillir des embryons. Pour vérifier la viabilité de cet utérus artificiel, la scientifique y a implanté des embryons obtenus par Fécondation In Vitro (FIV). Ceux-ci ont bien accroché et ont commencé à se développer. Leur développement a lui aussi été interrompu au bout de six jours.

 

En 2005, Henri Atlan, imagine un monde où les enfants naîtront d’un utérus artificiel, dans un livre portant le même nom. Pour ce scientifique, spécialiste de la bioéthique, l’ectogenèse entraînera une transformation radicale du rôle de l’homme et de la femme, et donc de l’égalité entre les sexes.

 

Dernièrement, des chercheurs ont montré leur découverte à la presse scientifique afin de passer à l’étape suivante: l’expérience sur des cobayes humains. De nombreux candidats en Corée se sont présentés, motivés par le montant des primes offertes. Mais tous ne sont pas retenus car des tests sévères, notamment génétiques, filtrent les éventuels élus à la grossesse paternelle.

source: http://contro.powler-projects.com/?tag=grossesse-extra-uterine

 

article de 2011

 

Demain les bébés naîtront peut-etre d'une machine, d'un utérus artificiel...

Petite remarque : Comme les découvertes scientifiques les plus importantes sont toujours cachées au public, comme les soucoupes et les hybrides, et que de nombreuses expériences en tous genres se pratiquent dans les laboratoires secrets, ces utérus artificiels sont peut-être déjà opérationnels. Il faut ne pas oublier, qu'entre les publications faites avec parcimonie, et la réalité cachée sur de nombreuses avancées scientifiques, nous ne connaissons que la partie émergé de l'iceberg. Le progrès a plusieurs années, voire de décennies d'avance sur nos connaissances. La science fiction d'hier est grandement dépassée.

 

Silvia Galipeau

La Presse http://www.cyberpresse.ca/

La science est peut-être sur le point de permettre la gestation des foetus humains dans des utérus artificiels. À quoi ressemblera la vie quand elle pourra se passer du corps féminin? Une sociologue québécoise s'est penchée sur la question.

Non, les bébés ne poussent pas dans les choux. Mais ils pourraient bientôt naître d'une machine. Science-fiction? Pas du tout. Depuis plus de 50 ans déjà, des chercheurs partout sur la planète travaillent à l'élaboration d'un utérus artificiel, lequel permettrait la gestation d'un foetus, sans le moindre contact avec un corps féminin. D'ici 5, 10 ou 20 ans, ce scénario futuriste pourrait devenir réalité. Et il est grand temps que l'on s'interroge sur ses bienfaits, met en garde une sociologue québécoise, dans un essai publié la semaine dernière.

En fait, les bébés «artificiels», nous en sommes beaucoup plus proches qu'on le croit, fait valoir Sylvie Martin, auteure du Désenfantement du monde, aux éditions Liber, rencontrée hier. «Quand on jette un coup d'oeil aux techniques de reproduction qui existent déjà, on réalise que le début de la grossesse est déjà reproduit techniquement, explique-t-elle. Avec la néonatalogie et les incubateurs, on est aussi capables de reproduire la fin de la grossesse. Et cet écart entre le début et la fin de la grossesse tend de plus en plus à rétrécir.» Du coup, déjà, la question se pose: «La grossesse est-elle devenue facultative?»

L'objectif de l'utérus artificiel est double: il s'agirait d'une part d'en finir avec l'infertilité, mais aussi de mieux encadrer le développement des foetus. Les réflexions entourant ces développements ont à ce jour été surtout favorables. «La logique thérapeutique n'a pas de limites en soi», fait valoir l'auteure. Selon certaines féministes radicales, cela permettrait en prime de libérer les femmes du fardeau de l'enfantement, autorisant, enfin, une égalité de facto entre les sexes.

 

C'est dans un cours de maîtrise à l'Université de Montréal sur les technologies scientifiques (OGM, clonage, etc.) que la sociologue a appris l'existence des recherches, qui remontent aux années 50, entourant l'utérus artificiel. «J'ai voulu comprendre: pourquoi on voudrait se débarrasser du corps féminin?» D'où l'idée de consacrer son mémoire à cette question, dont la vulgarisation vient d'être publiée sous forme d'essai.

Le livre, fascinant et terrifiant à la fois, retrace toute l'histoire de l'«effacement» du corps de la femme dans la question de la procréation. Car si l'utérus artificiel semble sortir tout droit d'un film de science-fiction, il ne vient pas de nulle part. Il est le fruit d'une série de percées scientifiques, de la fécondation in vitro à la péridurale, en passant par les mères porteuses ou les grossesses tardives (des mères sexagénaires). On se rend compte, en bout de piste, que la science a de plus en plus pris le pas sur le corps de la femme. À preuve, souligne l'auteure, une femme peut aujourd'hui être la mère génétique de son neveu (par don d'ovules), une grand-mère peut porter son petit-fils, et un enfant peut avoir jusqu'à cinq parents différents (si les parents adoptifs ont recours, par exemple, à un donneur de sperme, une donneuse d'ovules, et une mère porteuse). Bref, la mère génétique est déjà loin d'être indispensable.

«L'ectogenèse, la genèse à l'extérieur du corps de la femme, existe déjà, résume la sociologue. Mais on ne la questionne pas beaucoup.»

Selon elle, la création d'un «utérus artificiel» incarnerait «l'apothéose du contrôle technologique de la science sur la procréation». D'où son invitation à une certaine réflexion sur la question. «En sachant qu'une telle machine aurait autant d'impacts sociaux, anthropologiques, politiques et juridiques, jusqu'où va-t-on aller?»

Entre autres questions, elle souligne: qui pourrait s'offrir un tel utérus, qu'adviendrait-il d'une génération d'individus qui n'aurait pas les mêmes «conditions d'entrée» que la majorité, jusqu'où irait-on dans le contrôle de la qualité du foetus? Et puis, surtout, quel avenir pour ces enfants dont les paramètres de l'existence auraient ainsi été contrôlés?

«Oui, l'utérus artificiel est plein de promesses, résume Sylvie Martin. Mais est-ce qu'au nom des bienfaits promis, on ne peut plus dire non à rien?»

Le désenfantement du monde, utérus artificiel et effacement du corps maternel, Sylvie Martin, Liber, 207 p.

 

ARTICLE DE 2011

 

Femmes, hommes, êtes-vous prêts pour l'utérus artificiel ?

La grossesse, si je veux ! La discussion par les parlementaires du projet de loi de bioéthique, couplée à la sortie ce vendredi soir sur Arte d’un documentaire abordant les avancées de la recherche sur la grossesse ex-utero – ou ectogénèse – mettent au premier plan des questions que l’ont pourrait croire tout droit sortie d’un livre d’Aldous Huxley ou de Frank Herbert.

En 2005, le livre d’Henri Atlan, « L’Utérus artificiel », excitait déjà les imaginations, quitte à prendre pour argent comptant des spéculations que lui-même ne voyait se réaliser que dans « cinquante ou cent ans ».

 

Dans moins d’un siècle, l’ectogénèse permettrait de se passer du corps de la femme pour faire se développer et naître un enfant.

 

Six ans plus tard, Atlan, figure centrale du documentaire d’Arte, a assuré sur France Inter que la mise au point d’un utérus artificiel reste « très compliquée sur un plan technique, mais [que] le cahier des charges existe ».

 

En somme, on connaît la recette, mais la manière d’incorporer les ingrédient est encore hors de portée.

 

Aux Etats-Unis, une souris (déficiente) créée ex-utero

 

Des expériences ont déjà eu lieu, suffisantes pour ouvrir la porte au fantasme de l’enfant-cyborg :

 

dès 1997, une équipe japonaise, en récupérant un fœtus de chèvre encore peu développé pour le plonger dans un bain amniotique, avait réussi à le maintenir trois semaines en vie ;

aux Etats-Unis, en 2002, c’est une souris qui avait vu le jour après une gestation ex-utero.

Ces résultats ont montré :

 

une technique bien loin d’être finalisée, les performances mentales du rongeur étant très en deçà de la normale ;

le scandale provoqué par cette dernière affaire, qui peut servir à étalonner l’importance d’un débat sur la maternité artificielle.

L’équipe de l’université de Cornell, menée par Helen Hung Ching Liu, avait en effet commencé par mener ses expérimentations sur des fœtus humains, promis à la destruction car non-viables.

 

Le tollé provoqué par ces recherches avait conduit l’équipe à se reporter sur les souris, alors que l’Amérique de George W. Bush, inspirée par le mouvement pro-life, interdisait toute recherche sur les cellules souches ; une interdiction qui sera levée avec l’élection d’un président démocrate à la Maison Blanche.

 

En France, c’est le texte de 2004 qui encadrera la recherche de manière très rigoureuse.

 

Des embryons non-viables, avec l’accord des parents ?

 

D’après la loi du 6 août 2004 relative à la bioéthique, réaliser des recherches sur les embryons humains est formellement interdit, sauf à titre dérogatoire.

 

Sauf exception donc, les chercheurs français sont privés d’expérimentations, mais la situation pourrait changer dans les semaines à venir. Le projet de révision de la loi de 2004 comporte en effet un changement d’importance : malgré l’opposition du gouvernement, les embryons non-viables pourraient dorénavant être utilisés avec l’accord des parents.

 

Or, si le même texte réaffirme l’illégalité du système de la mère porteuse (le fait d’utiliser une femme pour porter l’enfant d’une autre jusqu’à son terme), il ne va pas jusqu’à se prononcer sur l’éventualité d’un utérus artificiel.

 

Dans un rapport sur la famille, la ministre de la Recherche Valérie Pécresse s’était déclarée farouchement opposée au principe de l’ectogénèse, comparable selon elle au clonage humain.

 

En réalité, les questions que soulève l’éventualité d’une gestation en laboratoire vont plus loin que l’éthique médicale, pour mettre en question les rapports homme/femme.

 

Un enfant sans femme ou « le triomphe du désir phallocentrique »

 

Un large courant du féminisme, dit libertaire, voit dans cette possibilité une condition de l’égalité homme/femme : libérée d’une des « infériorités biologiques » que définissait Simone de Beauvoir,

 

La femme n’est plus « ramenée à l’espèce » et peut vivre pleinement son individualité. C’est la position de Marcela Lacub, auteure de « L’Empire du ventre », plaidoyer contre la « sacralisation » de la maternité et de l’accouchement. Mais d’autres y sont radicalement opposées, au nom de cette même égalité des sexes.

 

Pour les féministes dites universalistes, il y a là un complot des mâles : faire un enfant sans femme ne serait que le dernier avatar du pouvoir patriarcal. A l’appui de cette thèse, on compte un allié d’importance : Donna Haraway, auteure culte du célèbre « Manifeste Cyborg » dont on ne peut dire qu’elle considère les nouvelles technologies d’un mauvais œil. L’uterus artificiel, dénonce-t-elle, c’est « le triomphe du désir phallocentrique de recréer le monde sans l’intermédiaire des corps de chair de la femme ». Rien de moins.

 

Au-delà des passions militantes, des chercheurs ou des parlementaires, il est évident que la question fait réagir : si la possibilité de prendre en charge une gestation entièrement ex-utero est sans aucun doute une réussite de la médecine, une fois évacués les risques évidents d’eugénisme, l’impact social d’une telle avancée ne peut que diviser.

 

Le livre d’Henri Atlan et le documentaire qui lui fait écho devraient vous y aider.

 

PDF

http://contro.powler-projects.com/wp-content/uploads/2010/12/Affiche-PDF.pdf

 

 

ARTICLE DE 2012

Le gender à son paroxysme : l’utérus artificiel….

25 janvier 2012                

 

Où va le monde avec ce genre de recherche?

« Les fonds publics devraient servir à la recherche sur l’ectogenèse – la gestation en utérus artificiel – pour mettre fin à la réalité « barbare » de la grossesse et de l’accouchement.

 

C’est ce que propose une « bioéthicienne » britannique reconnue, Anna Smajdor, pour qui c’est là la seule façon de mettre un terme aux inégalités entre hommes et femmes.

 

C’est l’idéologie du genre poussée à son paroxysme – mais en même temps il ne s’agit pas d’une proposition considérée comme aberrante ou extrémiste puisqu’elle s’exprime dans une revue universitaire de premier plan, le Cambridge Quarterly of Healthcare Ethics, et qu’elle émane d’un professeur d’éthique à l’université d’East Anglia. Anna Smajdor soutient que la grossesse et l’accouchement sont si douloureux, si risqués et imposent tant de limites aux femmes sur le plan social qu’aucune société libérale ne devrait les tolérer. »

Aujourd’hui l’utérus artificiel est de l’ordre de la science-fiction, affirme Anne Smajdor, mais il n’est pas impossible de le réaliser. Et il le faut, estime-t-elle :

 

« Le changement des structures financières et sociales peuvent bien améliorer les choses à la marge, mais il faut trouver une meilleure solution. Soit nous considérons les femmes comme des porteuses de bébés qui doivent subordonner leurs autres intérêts au bien de leurs enfants, ou bien nous devons admettre que nos valeurs sociales et notre niveau d’expertise médicale ne sont désormais plus compatibles avec la reproduction “naturelle”. »

 

Pour Anna Smajdor, la grossesse est un processus « barbare », rapporte l’excellent site australien BioEdge à qui j’emprunte cette information : une maladie comparable à la rougeole, fatale à l’occasion, mais qui ne dure pas neuf mois…

 

La chercheuse a bénéficié du soutien financier de la Wellcome Trust (la deuxième fondation mondiale pour la recherche médicale après celle de Bill et Melinda Gates) pour sa thèse de doctorat et pour co-réaliser un court-métrage sur la fécondation in vitro sur une femme scientifique qui, cherchant à échapper aux restrictions légales imposées à la recherche, en fécondant un de ses ovules à partir de sperme fabriqué avec sa propre moelle osseuse.

 

Le Dr Jean-Pierre Dickès a décidément raison d’annoncer que le véritable objectif de la procréation artificielle est de permettre de créer L’homme artificiel…

 

http://www.riposte-catholique.fr/riposte-catholique-blog/points-non-negociables-riposte-catholique-blog/une-bioethicienne-veut-en-finir-avec-la-grossesse#.Txz9svmj7wU

 

 

ARTICLE DE 2011

L'utérus artificiel n'est plus une fable futuriste

 

L'utérus artificiel sera-t-il l'ultime étape du chemin entamé avec le 1 er bébé-éprouvette? L'idée avance dans les labos... et nos consciences.

Les progrès scientifiques dans le domaine de la procréation artificielle et des grands prématurés ont considérablement réduit le temps passé par le bébé dans le ventre de sa mère. Un enfant conçu par fécondation in vitro qui naît prématurément à 22 semaines restera seulement 160 jours dans le ventre de sa mère au lieu de 280 jours, durée d'une grossesse normale. De là à imaginer dans un futur pas si lointain la création d'un utérus artificiel qui assurerait l'entièreté de la gestation, il n'y a qu'un pas que plusieurs scientifiques ont déjà franchi.

 

Fable futuriste ou réalité scientifique? C'est la question posée par Marie Mandy dans ce passionnant documentaire à l'écriture très personnelle intitulé L'utérus artificiel, le ventre de personne . La réalisatrice a poussé les portes de laboratoires et de centres de recherche high-tech aux États-Unis et au Japon histoire de faire le point sur les avancées liées de près ou de loin à la fabrication d'un utérus artificiel. De la fécondation in vitro au suivi des grands prématurés en passant par les différentes expériences d'utérus artificiel menées sur des souris et des chevreaux, elle brosse un tableau complet des dernières avancées scientifiques. Si la machine à fabriquer des bébés n'est pas encore au point, elle n'est plus de l'ordre du fantasme le plus fou imaginé par Huxley dans Le meilleur des mondes .

 

En marge des avancées scientifiques, la réalisatrice explore les enjeux biologiques, éthiques et psychologiques de la maternité artificielle : démission des parents, choix arbitraire des embryons, importance de la mémoire généalogique et du dialogue hormonal in utero entre le bébé et sa mère, asservissement de la femme comme donneuse d'ovules...

 

http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=9438131

 



24/06/2012

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour