NOUS MENTIRAIT-ON II

NOUS MENTIRAIT-ON II

C’est l’Europe qui décide de tout !

Jamais la France n’a eu son destin aussi lié à celui de l’Europe. La situation dont hérite François Hollande n’a rien de comparable à celle de Mitterrand en 1981, qui disposait d’une autonomie plus grande, même s’il prit le moment venu, au milieu de la tourmente, le choix de l’Europe, ce qui allait définitivement enraciner le destin de la France dans celui du continent.

« Je suis heureux, je suis aussi soucieux » lâche le nouveau Président à peine élu à la Bastille. Le ton est donné, ce sera sans aucun doute celui de ce quinquennat qui s’ouvre. Les manifestations d’intronisation ont été sobres ; on lui en est reconnaissant.

Le double hommage à Jules Ferry et Marie Curie ont évité l’écueil du Panthéon et sa boursoufflure. La France a élu un homme de gauche, mais fidèle à une tradition du centre/gauche, celle d’Henry Queuille auquel François Hollande avait rendu hommage au cours de sa campagne.

Puisse-t-il s’inspirer de ce parcours hors norme d’un grand personnage de notre histoire publique qui œuvra de 1921 en présidant le conseil général de la Corrèze, à 1958 où il s’opposa au retour du général de Gaulle.

Elu député « Rouge » en 1914 de la circonscription d’Ussel, il finira comme fondateur du centre Républicain avec André Morice maire de Nantes ( !) après un désaccord avec Pierre Mendès France. Les signes d’une connivence par delà l’histoire sont partout. Il sera aussi le parrain en politique de François Mitterrand auquel il conseillera de se présenter en 1946 dans la Nièvre.

 

L’histoire a retenu qu’il fut 21 fois ministres et qu’il reçut le surnom affectueux du « petit père Queuille ». La postérité a fait état de son amabilité, sa simplicité (il refusa toutes les médailles et les honneurs, et n’accepta que celle de la Société nationale d’horticulture), son honnêteté à toutes les épreuves, sa proximité avec les français et sa fidélité intangible à ses idéaux radicaux socialistes.

 

Amabilité, simplicité ; honnêteté, et fidélité, cela rappelle le portrait qui se dessine déjà de François Hollande.

 

Le temps des épreuves est arrivé, comme Nicolas Sarkozy avant lui, il devra user et « ruser » sans doute pour faire entendre la voix de la France dans un concert européen qui a tendance à devenir cacophonique. Nul ne sait ce que deviendra le « couple franco-allemand » qui a longtemps été le moteur de l’Europe. Mais aujourd’hui les temps ont changé, à vingt sept pays membres, l’Europe s’est alourdie dans ses prises de décision. Son centre névralgique autour des français et des allemands s’est déplacé plus au nord de l’Europe.

 

Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault hérite de comptes publics considérablement dégradés qui le privent de toutes marges de manœuvre. C’est un dès sien, le président de la cour de comptes Didier Migaud qui sera là pour lui rappeler à quel point la situation financière de la France est critique. Sur son bureau figure en bonne place une note rédigée par les experts du parti socialiste qui lui fait le décompte des plans sociaux dont l’annonce a été retardée par le gouvernement Fillon, le temps des élections.

 

Le nouveau pouvoir socialiste est ainsi pris en étau entre la nécessité absolue de rétablir l’équilibre des comptes publics et celle de contribuer à tout prix au sauvetage de l’euro, lequel passe par le vote du peuple grec qui a déjà exprimé son hostilité à la cure d’austérité que l’Europe veut lui imposer.

 

Pour autant si Noël ne sera pas au rendez-vous, on peut espérer un autre style de gouvernement, une réforme de la fiscalité qui équilibrera l’effort avec plus de justice et, peut être, à minima, le maintien des acquis sociaux qui caractérise et personnalise la France.

 

Telle pourrait être la feuille de route, bien modeste en apparence, de François Hollande. Son plus grand succès pourrait être celui d’éviter une crise majeure dont l’impact social serait dévastateur.

 

source:agoravox



24/05/2012

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