NOUS MENTIRAIT-ON II

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Cellules souches adultes : une vie après la mort

14-06-2012

Des chercheurs français montrent que les cellules souches présentes dans les muscles ou la moelle osseuse survivent plusieurs jours après le décès. Un réservoir pour des greffes?

 

Pourra-t-on un jour prélever des cellules souches sur des personnes décédées comme on prélève aujourd’hui des organes pour des greffes? En démontrant que des cellules souches adultes « survivent » plusieurs jours après le décès, et qu’elles peuvent être utilisées, des chercheurs français ouvrent une nouvelle voie de recherches et de réflexion.

 

 

Rappelons que les cellules souches adultes forment une « réserve » de cellules pas encore tout à fait spécialisées qui remplacent les cellules qui meurent. On a localisé des cellules souches dans le système nerveux (neurones), dans la moelle osseuse (les cellules hématopoïétiques qui donnent naissance à toutes les cellules du sang), les os, la peau, les muscles ou le foie. Elles n’ont pas le potentiel des cellules souches  comme celles de l’embryon, qui peuvent donner naissance à n’importe quel tissu ou organe.

 

Survie post-mortem

Fabrice Chrétien, de l’Institut Pasteur, en collaboration avec des chercheurs du CNRS, de l’AP-HP et de l’Université de Versailles-Saint-Quentin en Yvelines, démontre chez l’être humain que des cellules souches du muscles prélevées jusqu’à 17 jours après le décès conservent leur capacité à se différencier et à donner des cellules musculaires.

 

Chez la souris, les chercheurs montrent que les cellules souches présentes dans la moelle osseuse survivent jusqu’à 4 jours post-mortem. Une fois prélevées, ces cellules ont été greffées à des souris privées de leur moelle osseuse -comme dans le traitement d’une leucémie- et elles ont permis de la reconstituer. « Il n’y a eu aucun décès chez les souris ainsi greffées » précise Fabrice Chrétien.

 

Ces capacités de survie ne sont pas totalement surprenantes de la part des cellules souches adultes. « Nous savons qu’elles sont capables de supporter des conditions extrêmes, précise Fabrice Chrétien, comme le manque d’oxygène ou l’acidification de leur environnement. Surtout, elles résistent aux molécules toxiques comme celles de la chimiothérapie grâce à un mécanisme de défense actif ». Pourtant, leur capacité à survivre post-mortem n’ont pas été très explorées jusqu’à présent. « Cultiver des cellules prélevées après la mort paraît un peu fou », avance le chercheur. « Je m’attendais à ce que les cellules souches adultes tiennent 48 h après le décès, mais pas 6 ou 10 jours ! ».

 

Un état de dormance très profond

«Après le décès, les cellules souches adultes se mettent dans un état de dormance, poursuit Fabrice Chrétien. On connaissait déjà la quiescence des cellules, qui restent au repos en attendant que l’environnement leur envoie les signaux favorables à la division cellulaire. Là, post-mortem, c’est un nouveau mécanisme, qui va encore plus loin: les cellules n’ont plus de réserves énergétiques, elles ne respirent plus». Les petites centrales énergétiques de la cellule, les mitochondries, sont débarrassées de leur contenu, seul le squelette reste. Lorsque ces cellules sont réveillées, les centrales énergétiques se reconstituent. La multiplication cellulaire peut reprendre.

 

«Ce sont des résultats très intéressants et quand même étonnants», estime de son côté Jean-Marc Lemaître, de l'Institut de génomique fonctionnelle (Inserm/CNRS/Université de Montpellier), qui n'a pas participé à ces travaux. «Cela pose de nouvelles questions : soit il existe une sous-population de cellules souches adultes que nous n'avions pas identifié et qui survit malgré la nécrose des tissus; soit cet état de dormance profond est un nouveau mécanisme, une nouvelle régulation de la cellule encore inconnu».

 

Plus de donneurs pour les greffes?

Reste aux chercheurs, qui publient cette semaine un article dans Nature Communications, à trouver les conditions optimales pour conserver de telles cellules souches sans les réveiller, sans trop les stresser non plus. Et sans que le réveil –la reprise de contact avec l’oxygène- soit traumatisant.

 

Pour les cellules souches de la moelle osseuse, les applications thérapeutiques sont facilement imaginables, les greffes de cellules hématopoïétiques étant couramment pratiquées. Prélever post-mortem sur des donneurs consentants, comme pour les organes, augmenterait le nombre de greffons. Pour d’autres cellules souches, comme celles du muscle, les traitements cellulaires sont prometteurs mais encore au stade de la recherche.

 

 

source:Sciences et avenir.fr

 



17/06/2012

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